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Elvis Presley s’est éteint à Graceland, il y a près de cinquante ans et pourtant, sa voix et son visage, comme figés dans le temps, survivent dans les tubes populaires, les t-shirts à bas prix et la mémoire des fans. Jean-Damien, Pascal, Joël et Mathurin sont assurément de ceux-là. Dégingandés dans des allures empruntées au King, les quatre amis le commémorent tout en bananes et baskets bleues, à défaut des célèbres blue suede shoes. Mais cette fois sera singulière : c’est la dernière veillée de Joël et Elvis leur apparaît.  Larrons en baskets bleues jette un regard empathique sur les identités masculines complexes, leur construction et les liens qu’on y crée. Avec cette pièce sensible à l’humour authentique, Héloïse Ravet aborde la puissance de l’amitié au secours des fragilités individuelles, la quête maladroite de soi à travers les projections touchantes sur les célébrités qui nous y aident. Quatre comédiens incarnent des jeunes hommes dissemblables, des « sosies ratés » qui se trouvent une communauté dans une passion collective : le roi du rock’n’roll et son aura mythique incarnent à la fois une certaine image de virilité et de réussite à atteindre. Ce drôle de clan puise dans cette figure autant de sens que de courage, de quoi déjouer la mort et tromper la maladie par le miracle. Il s’agit ici de mystères et de magie provoquée ou inattendue. Évitant habilement les clichés, Larrons en baskets bleues est une lettre tendre adressée aux solitaires qui se bricolent des clans et aux idoles qu’i·els se choisissent.