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Sara Bjarland – ‘Shedding Skin’

Catégorie : Exposition
Prochaine date : 03/11/2024 > 21/12/2024
Lieu : Hopstreet Gallery
Rue Saint-Georges, 109
1050 Ixelles

Poétique du déchet Prenez un objet usuel : ce n’est pas son état neuf, vierge, qui rend le mieux compte de son essence ; c’est plutôt son état déjeté, un peu usé : le déchet, voilà où se lit la vérité des choses. Roland Barthes Le rebut est le destin universel de tous les objets. Il n’a jamais autant obsédé la planète : la grande marée des objets qui recouvre notre monde porte l’ombre d’une marée noire, la grande marée noire des déchets. Car le temps du marché universel est le temps des objets peu résistants, des matériaux pauvres. Jetés aussitôt consommés, déclassés aussitôt usagés, ils s’amoncellent dans le chaos ménager qu’est le monde moderne. Ils débordent de nos poubelles, remplissent nos parcs à conteneurs, s’échouent aux bords de nos routes – blessés, mortifiés, cassés, décomposés. Délestés de leur valeur d’usage, vidés de leur valeur d’échange – mais pas de leur valeur esthétique, ni de leur valeur symbolique aux yeux de Sara Bjarland : ces objets qui ne peuvent plus servir à rien, ces matériaux vidés de tout, ces objets vraiment vides, elle les rattrape par la peau, au bord du déchet et redonne à leur dépouille, à leur enveloppe visible un destin esthétique : par la grâce d’un geste artistique minimal choisi et circonscrit à une opération précise – ici un maillage, là un assemblage, ici encore un moulage – elle transforme ces objets inutiles, ces matériaux humbles et abîmés, vestiges ordinaires de notre société de consommation, en œuvres d’art. Car les objets qui ne sont plus bons à rien sont encore bons pour les yeux. Ses œuvres exigent qu’on les regarde avec beaucoup d’attention – avec la même acuité que celle avec laquelle Sara Bjarland ausculte ces déchets prélevés dans son environnement urbain pour en déceler les potentialités esthétiques, autant que les réserves de sens. Car sous la crasse, la décomposition, ces objets lui font signe. Par suite, les manipulations ou les transformations auxquelles elle soumet leur matériau, comme les gestes infimes qu’elle pose au service de leur présentation dans l’espace induisent de subtils déplacements de notre regard, et donc de notre pensée. En réhabilitant ces objets déchus, ses œuvres redonnent une dignité, une valeur à ce qui n’en a plus dans notre monde consumériste. Sara Bjarland ne prétend pas nous montrer de nouvelles choses – elle fait beaucoup mieux : elle nous donne à voir autrement les choses, les choses les plus ordinaires que nous avons sous les yeux et que nous ne voyons plus. En affectant notre regard, ses œuvres renouvellent, de façon infime, notre vision des choses. Elles changent donc notre regard sur le monde. C’est précisément ce que nous pouvons attendre de l’art : qu’il soit avant tout créateur de regard. Dans ce champ de l’art actuel marqué, comme tant d’autres champs de production et de consommation, par la prolifération des matériaux, des moyens technologiques coûteux et des pseudo-innovations plastiques, le dépouillement formel, la pauvreté tangible de ces œuvres nées de presque rien donnent un surcroît de sens, et de beauté, à leur fragile présence en ce monde clinquant. François de Coninck

Vernissage dimanche 03 novembre 2024 de 14:00 à 19:00
Date 03/11/2024 > 21/12/2024

lundi, mardi et mercredi: fermé
jeudi, vendredi et samedi: de 13:00 à 18:00
dimanche: fermé
Lieu Hopstreet Gallery
Rue Saint-Georges, 109
1050 Ixelles http://www.hopstreet.be/
Informations & Réservations http://www.hopstreet.be/
Téléphone : +32 496 54 44 54
Email : hop@hopstreet.be
Organisé par

Hopstreet Gallery