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La CTEJ, au cœur du théâtre « jeune public »

Une maison avenue de l’Hippodrome juste en face d’un glacier. Au rez-de-chaussée, se niche la CTEJ, la Chambre des Théâtres pour l’Enfance et la Jeunesse. C’est Jennifer, chargée de communication, accompagnée du chat Fafa, qui m’accueille. Trois pièces en enfilade, un jardin pour les beaux jours et une douce odeur de café dans l’air. Rencontre avec une équipe chaleureuse et engagée.

 

Virginie, Magali, Claire, Jennifer et Philippe, un quintette de choc qui questionne, bouscule, interroge et défend le secteur du théâtre et de la danse « jeune public ».

 

Virginie Devaster, directrice, pose le cadre : « la CTEJ qui existe depuis 1976 est une association qui rassemble 110 compagnies professionnelles de théâtre et danse jeune public. On est une structure de services au bénéfice de ces compagnies. Nous proposons des formations au secteur, notamment de comptabilité ou encore sur la manière de renvoyer un feed-back après un spectacle. Nous avons aussi une mission de promotion. Ainsi, nous éditons un agenda des représentations publiques disponible dans tous les lieux culturels. Nous publions aussi des textes de théâtre et des albums illustrés issus de spectacles accessibles dès le plus jeune âge. Nous ne sommes pas une maison d’édition ; nous souhaitions néanmoins fournir aux compagnies et au public de beaux objets pour garder une trace de ces spectacles par essence éphémères et prolonger à la maison les émotions vécues au théâtre. C’est précieux.»

 

Claire Cagnat est chargée de projets artistiques et cheville ouvrière du « Festival Noël au théâtre » qui propose durant les fêtes de fin d’année une trentaine de spectacles dans 12 lieux différents à Bruxelles. « Ce festival est souvent le premier accès aux spectacles et aux lieux culturels pour les enfants. C’est un festival familial, chaleureux, avec des spectacles pour toustes, des bébés aux ados. C’est très beau de voir le public revenir année après année, les petits qui grandissent, des parents devenus grands-parents qui emmènent leurs petits-enfants. Le public est fidèle, et la transmission intergénérationnelle où chaque membre de la famille vit le spectacle selon sa propre lecture et partage son ressenti est toujours émouvante. »

 

Et, cette année, un nouveau défi est relevé par l’équipe. « Nous aimerions sensibiliser les associations en cohésion sociale et pouvoir accueillir également des personnes porteuses d’un handicap lors de spectacles « relax ». Notre souhait est d’ouvrir à tous les publics, de remettre de l’inclusivité au cœur du processus créatif. La compagnie des Mutants, qui se produira à Molenbeek, a ainsi conçu le spectacle « Douce révolution » : l’accueil, l’installation du public, le rythme du spectacle et les conditions de représentation sont adaptés à tous les publics, même ceux qui ordinairement ne se rendent pas au théâtre, parce que parler, bouger, ou sortir de la salle si l’on en ressent le besoin n’y sont pas admis. Et surtout, nous prévoyons une préparation en amont du spectacle avec les spectateurices, afin de ne pas déstabiliser les personnes plus sensibles aux effets de surprise, par exemple. »

 

La CTEJ a aussi une mission de défense politique centrée sur la défense du secteur et de ses spécificités. Virginie explique : « Il est essentiel que l’enfant sorte de l’école, vive une expérience collective dans un lieu culturel équipé. Et il est tout aussi important de garantir la liberté artistique des compagnies et d’être vigilant à ne pas instrumentaliser la culture dans un but pédagogique. »

 

Le travail des compagnies « jeune public » est visible sur le terrain et reconnu à l’étranger. « Nous avons une « patte » belge avec des compagnies qui se professionnalisent toujours davantage, qui multiplient les médias (musique, texte, danse) et où il n’y a pas d’autocensure. Les spectacles parlent de tous les sujets, même les plus difficiles… cette liberté artistique est essentielle. »

 

Au sein de l’équipe de la CTEJ, les maîtres mots sont respect, autonomie, responsabilité et intelligence collective. « Nous sommes une petite équipe avec énormément de travail. C’est parfois difficile de répondre aux multiples envies des 110 compagnies. Ça peut être frustrant mais les défis sont aussi stimulants : nous nous efforçons d’accroître la diffusion des spectacles car nous rencontrons une énorme demande des écoles, du public. A Ixelles, nous sommes connectés avec le réseau et soutenu par la commune. »

 

Rendez-vous à « Noël au Théâtre », notamment au Théâtre Mercelis et au Rideau de Bruxelles, pour vivre de folles aventures où les enfants sont reines et rois.

 

Plus d’infos : www.ctej.be